dimanche 9 novembre 2008

Camerone

« Tu t’appelles Roussel, tu es né rue de la gare, à Bruxelles ».
Le sergent recruteur est aussi un poète. Certes la rime n’est pas riche. Elle gomme néanmoins toute mon histoire : mes parents, ma femme, mes trois filles. Quatre en fait, mais je ne le sais pas encore. Une petite phrase, directe comme les militaires, pour effacer d’un trait mes responsabilités familiale et pénale, mon nom dans la presse locale.
Et dans le vent claque un fanion, c’est le fanion de la Légion. Oui, comme dans la chanson : la Légion m’ouvre les bras, elle devient une mère pour moi. Je deviens un des ces hommes képi blanc et écharpe bleue, qui calent leur pas sur la pulsation lente de « Tiens, voilà du boudin ».
Une nouvelle vie commence. Quatre-vingt-huit pas par minutes : oui, j’irai marcher lentement sous les soleils tropicaux qui éclairent la bannière française. La facture, je la paierai plus tard.
Peut-être. Ou peut-être pas.


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