mercredi 6 mai 2009

Câlins en promo, prix sacrifiés ! ...

Quand j'arrive au pénitencier de quartier, je dis toujours "Bonjour monsieur".
A tout le monde.
Et je les vouvoie. C'est écrit dans le code de procédure pénale et je trouve que cette distance maître / élève c'est normal.
Ils aiment bien qu'on leur serre la main.
Je le fais
Parfois, c'est Noël, ou le jour du jugement, ou un transfert, et ils ont les larmes aux yeux.
Mais ce sont des hommes, et les hommes ne pleurent pas.
Surtout ici.
Mieux vaut crier, ou cogner. Ou mordre dans son oreiller, la nuit.
C'est là qu'il faudrait pouvoir leur ouvrir les bras.
C'est interdit bien sûr. Et même, ce serait dangereux. Déjà que certains prennent pour de la séduction le moindre petit signe poli d'intérêt.
Un peu lourd.
Parler, écrire : très peu, ils n'ont pas les mots.
J'essaie de les leur apprendre.
Qu'ils s'autorisent à exprimer leurs émotions. Ce n'est pas facile
Mais de temps en temps, ça fonctionne, et ça devient dur pour moi, juste à ce moment : accueillir l'émotion, sans l'encaisser.
Après ils sont fiers.
Comme n'importe lequel de mes élèves.
Je crois que ce sont les clés : la dignité dans le regard de l'autre, l'estime de soi et la capacité à s'exprimer, de manière adaptée, dans n'importe quelles circonstances.
Il faudrait leur apprendre à chanter.


(J'ai mis celle-ci qui est la plus mon trip, mais il y a aussi la version originale des Compagnons de la chanson, top has been, celle d'Yves Montand trop "crucifié du traversin", et celle de Raphaël qui m'agace même si toutes les minettes croient qu'il sait chanter.)

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Quand mes enfants étaient petits, ils adoraient les câlins. Un chagrin, un coup de fatigue, un besoin de tendresse ? Il nous suffisait d'ouvrir grand les bras et ils venaient reprendre une vie dans notre giron.
Ils ont grandi.
Beaucoup.
Et ce sont des garçons. Bientôt des hommes, du moins l'aîné.
Il veut aller au Hellfest ! N'importe quoi ...
Et bien sûr, plus de câlins, sauf en cas d'extrême urgence. Et encore ...
Trop la honte, ça craint.



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Cette nuit j'ai rêvé d'un ami qui vit loin. C'était la première fois.
C'était dans une pièce lambrissée, on travaillait ensemble sur un projet.
Je cherchais la traduction d'un mot, dans une langue que je ne connais pas. Je ne la trouvais pas.
Ce n'était pas agaçant, mais fatigant.
Je me suis appuyée le dos au mur de bois, et j'ai pincé avec mes doigts là, entre les deux arcades sourcilières.
Il est venu, et il m'a prise dans ses bras. Pendant quelques secondes on est resté comme ça. Serrés très fort l'un contre l'autre.
C'était doux, c'était chaud, c'était bien.
Et après on s'est détaché.
Voilà.

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Ce monde serait très différent avec un peu plus de tendresse.
Pas de la pitié non, mais de la compassion.
Aucun enjeu.
Être ensemble, quelques secondes.
Respirer à la même allure.
Partager, pour un instant, même fugace, la joie, la peine.
Et s'envoler de nouveau, chacun de son côté.
Libres et légers.
Plus forts.


Il y a plein de vidéos là-dessus, mais j'aime bien celle-là :

Free HUGS
envoyé par FREE-HUGS -

1 commentaire:

Pimj a dit…

J'ai 2 ans de retard, mais je m'en f...
Si ton blog est bien fait, tu auras quand même le comm :)

Les Free Hugs, j'ai testé l'année dernière, avec ma puce, en Ardèche, à Ruoms... et c'était trop, trop bien !
Je connaissais pas, j'ai beaucoup hésité, mais ça me démangeait et mon chéri m'a poussée je crois... Et j'ai bien fait parce que je crois que j'aurais regretté de pas m'être lachée !

Je prends le lien pour le publier sur "notre" blog... J'avais déjà mis un message là-dessus en revenant de vacances, mais j'♥ assez pour en remettre une couche ;)