dimanche 19 juillet 2009

Café philo

Non, décidément, non ce n'est pas la peine de tout se dire.
Entre ce que l'on sait, ce que l'on devine, ce que l'on sent et ce qui est trop difficile à exprimer, il y a déjà beaucoup à lire.
Et ça occupe bien l'esprit.
Pas la peine non, de se croire obligé d'en rajouter.
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Je parle (beaucoup) (trop).
Je le sais.
Trop vite souvent.
Pourtant, il y a des paroles que je n'aime ni entendre, ni prononcer.
des paroles à éviter.
Celle qui gâcheraient un chouette moment de silence, plein de sens.
Celles qu'on peut éviter juste en se regardant.
En se touchant.
Celles qui blessent inutilement, qui font mal.
Les bons mots jetés en pâture par ceux qui confondent franchise et méchanceté, humour et moquerie. C'est très à la mode ça, de faire honte à quelqu'un devant tout le monde.
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Et puis il y a les paroles indispensables, celles qui nous font avancer.
Le baume de notre cœur.
Les encouragements, les mots de confiance et de soutien, d'estime et de compassion.
Les paroles qui réparent, qui mettent des mots sur les maux, qui conjurent la douleur, la solitude et la peur.
Les mots doux, qui caressent et rassurent. Les mots légers de l'enfance, qui s'envolent comme des plumes au vent et retombent en confettis colorés, pour faire rire et chanter.
Des mots cerfs-volant qui font planer.
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Je trouve qu'il y a des mots très difficiles à prononcer, mais qu'on ne peut pas éviter.
Enfin, qu'on ne devrait pas.
Non, pas les mots d'amour, pas ceux-là, non.
Ceux là, quand ils ne viennent pas, c'est que ce n'est pas leur heure. Pas la peine de les bousculer.
Mais les mots de souffrance, de colère, de reproche et d'incompréhension, il faudrait pouvoir les crier librement, ou les murmurer à l'oreille.
En les choisissant très soigneusement.
Et qu'ils soient écoutés.
Et qu'ils soient entendus.
Et qu'ils soient acceptés.
Et qu'ils soient répondus.
Oui.
Parce que chacun de ces mots là, quand il n'est pas dit, vient fortifier chaque jour l'épaisse muraille qui nous prive d'abord de la lumière de l'autre, puis nous étouffe jusqu'à nous emmurer vivants.
A ce mur là, on ne peut ni s'adosser sans y être englouti, ni s'abriter sans y être meurtri. Et le flot de non-dit qu'il contient à grand peine vient saper les profondeurs de notre âme comme une sombre et tumultueuse rivière souterraine.
Heureusement, si haut et si dense soit le mur fortifié de nos incompréhensions mutuelles, il présente toujours sur le flanc gauche, tout près du cœur, une légère fissure, celle qu'il suffit d'élargir pour se libérer.
C'est la petite fêlure du mot secret.
Un mot rond, doux et poli comme un galet.
Celui du pardon.
Aux autres.
A soi.

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