mardi 15 juin 2010

Jeudi 24 juin grève interprofessionnelle

Mon cher Nicolas, mon cher Luc,

On a tout bien fait comme vous aviez dit : classes surchargées, ingurgitation du programme par gavage, mise en difficulté inutile des élèves, allongement de la journée pour ceux qui ne tiennent pas les 6 heures, suppression de 12 heures par mois pour tous les autres, métier dévalorisé, ordres, contre-ordres, on n'est pas parti en formation, on a fait une croix sur les mutations, on a laissé croire aux parents que le Rased existe encore, mais qu'on est trop feignasses pour remplir les imprimés.

Malgré cela, on est bien désolé, mais les élèves ont réussi à apprendre à lire -les fourbes, ils doivent bosser en cachette-, à écrire, et à compter, et plus si affinités : il y en a même qui ont réussi à s'éclater, mais on jure que nous, on ne voulait pas.
Ce qui fait que pour les éval, -vraiment vraiment, on s'excuse- ça ne va pas être possible d'avoir l'air aussi minable que c'était convenu.
 Mais l'an prochain, on fera pire, c'est promis. Déjà, ma collègue Germaine, incontinente depuis ses 70 ans révolus, a de plus en plus de mal à se déplacer jusqu'aux sanitaires (assez peu sains d'ailleurs, soit dit en passant) qui sont assez souvent occupés, vu qu'on n'en a que 2 pour plus de 50 personnes. Et grâce à l'accueil permanent de sur-effectif, sa classe est désormais trop exigüe pour que nous puissions y laisser le seau qui servait en cas d'urgence (non, non, pas pour les arts plastiques, on n'en fait plus, vous pensez bien ...)
Quant à moi, depuis que le maire a décidé de ne pas mettre l'établissement aux normes pour qu'il puisse fermer plus vite -vu que c'est moins onéreux et plus visible d'investir dans le fleurissement de la commune- j'éprouve les pires difficultés à me mouvoir dans cet environnement hostile. Et je crains fort qu'à 80 ans cela n'aille pas en s'arrangeant.
Loin de nous l'idée de plomber les comptes de la CNAV en faisant valoir nos droits à la retraite. Du reste, Germaine et moi nous interrogions à midi, en déjeunant -oh, bien frugalement croyez-le- debout devant la photocopieuse : des droits, en avons-nous encore ? Mais nous restons fermes sur les devoirs, et fières d'appartenir à la France qui bouge, heu, comment dire ?..... encore ?
Du coup, si vous pouviez intervenir auprès des services sociaux pour une mise à disposition anticipée des déambulateurs que vous nous aviez promis pour services rendus, ce serait tout à fait à propos.
Comptant sur votre soutien - non, pas financier, on n'est pas complètement séniles quand même- , nous vous prions de croire, Chers, très chers, Nicolas & Luc, à l'expression de ce dévouement que vous nous avez mis profond.

Le conseil des maîtres

3 commentaires:

Barbara a dit…

excellent

Anonyme a dit…

Mais comment je vais faire l'année prochaine sans toi?!
Gros bisous Germaine

josephine a dit…

Comment? On vous a laissé une photocopieuse? Veinardes!

MDR en lisant ta lettre!
A diffuser dans toutes les Académies.