mardi 29 octobre 2013

La coquillette décongèle lentement / Desde Hospital de Orbigo hasta Astorga

Ce matin encore je marchais.
J'avançais dans un soleil gelé, et mes mains restaient glacées sur les bâtons.


J'avais gardé le dress code de pluie, qui permet aussi de résister au froid,



et opté pour une variante à peine plus longue, et tellement plus jolie, qui permet d'éviter le bord de la grand route.


C'était beau, je respirais profondément, et je prenais mon temps, parce que je savais qu'il n'y aurait pas de prolongations cette année.
Je savais avoir quitté le désert de la Meseta. Il y avait de nouveau des arbres, du vert, de la montagne à l'horizon. C'était déjà la Galice.



Je me disais que j'aimerais bien continuer pendant les vacances de Noël, parce qu'il ne me reste que  jours pour arriver à St Jacques.
Et puis je respirais encore et j'avançais toujours.
La cathédrale d'Astorga est apparue entre deux arbres.


Je me suis approchée. 
Pas trop vite.
 


Une fois arrivée, j'ai fait un tour au marché,
pris une douche au refuge,
fait un tour en ville.



 J'ai passé un moment avec Angelo et Ola.
Je l'aime bien Angelo, il est spécial. Il me fait penser à Franzouski.
Il parle plein de langues, c'est un genre de leader naturel.
J'aime l'accent polonais d'Ola quand elle parle anglais.
Ils attendaient l'ouverture des magasins, chienne de sieste, avant de repartir vers le village suivant.
Il m'a demandé si j'étais triste de m'arrêter là,
et franchement non.

 J'ai attendu mon bus longtemps, il était en retard.


Grand chambardement à Suco.
Gros coup de cafard, ce restoroute grouillant, après les jours de peu de gens, et les passagers qui s'empoignent quand il faut récupérer les bagages pour changer de car.

 J'arriverai le mercredi matin à 7h30 au péage d'Ussel.
La boucle est bouclée.
J'ai froid.
et depuis mon retour, je suis toujours fatiguée.

Des nouvelles de ma nouvelle # 9

C'est une nouvelle que vous avez déjà lue
mais qui n'avait pas été retenue par le jury du concours pour lequel elle avait été écrite.

Elle vient d'être publiée par Short Editions
actuellement en-tête dans la catégorie du très très court, 
(essentiellement grâce au coup de pouce de Jack).

Alors si vous l'aimez toujours,
votez pour elle,
sachant que la date limite est le 30 novembre.

lundi 28 octobre 2013

Le dress code de la coquillette

 Non, ce n'est pas la soeur de Quasimodo.
C'est moi.
Quand il pleut.

Je pense que si Stéphanie me voyait, elle ne validerait pas mon look.

Pourtant, j'ai tenté le genou en dedans de toute blogueuse mode qui se respecte.
Allez, on tire la chevillette, et la coquillette cherra...


La coquillette en instantané / Desde Virgen del Camino hasta Hospital de Órbigo

Il fait un froid de loup,
et l'albergue paroquial est certainement sublime en été,
mais là, juste, on se pèle,
et je pense que demain, je devrai remettre ma culotte mouillée.
Je n'ai rien lavé d'autre,
ma polaire commence à sentir la petite fille qui se néglige.
Ce soir ce sera nouilles chinoises en prise rapide.
Le chemin aujourd'hui était très solitaire (j'aime bien)
mais aussi très laid (j'aime moins).
À part quelques nouvelles maisons de hobbits



The way today ressemble essentiellement à ça :


 Avec quelques champs de maïs en fin de parcours.
Mais je tiens bon, parce aue je ne veux faire au'une petite étape demain, la dernière,
et aue je n'ai pas envie de courir pour attraper le bus.

Je suis recompensée par l'arrivée à Hospital de Órbigo


 son pont et sa chaussée de pierres


dimanche 27 octobre 2013

La coquillette gagne une heure et va en ville / Desde Mansilla de las Mulas hasta León, mais que non je reste pas dormir



On est passé sous les 15 degrés,
alors, quand j'arrête de marcher,
j'ai un peu froid,
j'entasse toutes mes fringues les unes sur les autres,
call me Bidendum.
Ce qui n'empêche pas d'avoir des soirées réjouissantes.


 Avec parfois un parasite italien qui gloutonne tout mon turrón avant que j'ai eu le temps d'en offrir aux autres...



Et Min-Young qui joue de la flûte coréenne.




En fait, elle ne connaît qu'un seul air.


Elle dit que la prochaine fois qu'elle fera le chemin, elle en apprendra un deuxième.
Je les aime bien ces Coréennes. Elles sont ouvertes, elles pensent aux autres, oui, je les aime bien.


On gagne une heure,
une heure de jour le matin,
le temps de voir se peindre les couleurs de l'automne.






J'aime la tache mouvante que fait le sweat de la pèlerine qui me précède.



 S'il y a une chose que je déteste,
ce sont les interminables entrées,
et par le fait sorties, de ville.

Quand j'arrive à León, et que je vois ça :

 Il reste encore 3 km pour arriver là :


 J'ai pas envie de rester dormir dans cette grande ville effervescente,
je visite, c'est beau ... (sauf la cathédrale qui, une fois de plus est payante...)


 Le temps de fantasmer un peu
(que Georges m'attend avec ça bicyclette, et me propose :
"Do you want to have sex with me in this Parador ?"
 Oui, je suis comme ça moi, c'est ça ou rien...)


Et je repars pour l'interminable sortie de cité, 7 km...
jusqu'aux maisons de hobbits (des caves je pense) sur les hauteurs.
Un type me suit, il a pas l'air du genre parador...


Encore une demi-heure plus tard je pousse la porte de l'albergue de Virgen del Camino, 
propre, tranquille, peu fréquentée, juste ce qu'il me fallait ce soir.
Quand on décale les étapes, on ne croise pas les mêmes personnes.
Le pèlerin économiquement faible et pas très propre continue son chemin.

samedi 26 octobre 2013

La coquillette est cuite / Desde Bercianos hasta Mansilla de las Mulas

Malgré le soleil qui tente une percée,
et qui finit par remporter la victoire,



 l'étape d'aujourd'hui me paraît bien longue...

Mais si je m'arrête trop tôt, ce sera encore plus long d'arriver à León demain,
alors je chemine en compagnie de Claudine,
en parlant de nos enfants.
C'est drôle comme sur le chemin, on rencontre des histoires parallèles à la nôtre.
Je me souviens de Franzouski,
trois ans à peine, qui m'accompagnait un jour à mon bureau, avec son déguisement préféré.
Un collègue attendri lui avait demandé :
" - Comment tu t'appelles ?
- Je m'appelle Zorro !
- Oui, mais ton vrai nom ?
- Ah ben, Don Diego de la Vega ..."
C'est à ce moment que j'avais réalisé que ça ne serait pas plus facile pour lui que pour moi.


Finalement on arrive à l'auberge municipale.
Mauvaise surprise : le bus de demain, que je comptais prendre à León, est complet.
Je vais devoir marcher deux jours de plus, jusqu'à Astorga, pour attraper celui de mardi.

vendredi 25 octobre 2013

De terre et de boue / Desde Moratinos hasta Bercianos del real Camino

Levés de bonne heure,
on attend tous, dans la cour,
devant la porte de la salle où nos vêtements ont passé la nuit près du poêle.
Mais, erreur stratégique,
il s'agit d'une auberge italienne,
et si les petits déj sont commandés pour une 7h30,
il y a fort à parier qu'ils ne se lèveront pas avant.
Je chante une valse en italien,
en changeant les paroles.
"Pourquoi tu pleures Marcelina ? Parce que la porte est fermée..."
Bingo, la porte s'ouvre..

Je répare ma semelle, et je repars sous une bruine glaçante, qui s'agace encore en rafales par moment.
Je vois arriver les pèlerins de Terradillos. La plupart -c'est-à-dire ceux qui ont opté pour le repas de l'auberge - ont passé une nuit agitée, la tête dans la cuvette des toilettes, maraboutée par la vilaine tenancièrequi m'qvqit fqit fuir hier.
Dix kilomètres plus loin, la pluie semble accepter de se retirer quand j'arrive à Sahagún.



 Pause, et je reprends un chemin ravissant,


 Puis de nouveau tout droit.
La voie romaine, alternative vantée par les guides,
est impraticable, inondée.
Je m'en tiens à l'itinéraire principal.



Encore dix kilomètres,
la pluie nous rattrape,
et me décourage.
J'avais prévu de m'arrêter au village suivant,
mais c'est 8 bornes de plus,
et tous les pèlerins semblent s'y être donnés rendez-vous.
Je rentre dans celui-ci, Bercianos,
dont les murs d'adobe sont édifiés de cette terre où on croirait que se cultivent les cailloux.




Un signe...


Ce soir, ce sera donc l'auberge paroissiale...
(et elle est chouette)



jeudi 24 octobre 2013

Où je regrette mon voeu de chasteté / Desde Carrión de los Condes à Terradillos de Templarios, ah mais non finalement...

Il est éditeur de livres pour enfants,
à Salt Lake City  - Utah - États-Unis.
Il n'est pas mormon, et il fait le trip seul.
Il me regarde en souriant, et me pose plein de questions.
On est tout seuls dans la cuisine,
il fait bouillir de l'eau.
J'ai adoré prendre mon petit déjeuner avec lui.
Il est beau.
Il s'appelle Georges.
Il a aussi un "Café"...
What else ?

Rien...
Il repart avec son vélo,
moi avec mes pieds,
pour 17 km de rien, à travers la Meseta,
qui doit être un calvaire en été.
On n'a pas échangé nos e-mails, ni quoi que ce soit d'autre d'ailleurs.
Un amour de petit-déjeuner.
 





De temps en temps, 
un message ranime notre courage : plus aue 9 km jusqu'au prochain bar...



 Ce que j'aime sur ce parcours, c'est voir apparaître au loin, 
les toits qui t'annoncent que tu n'es plus très loin...


Après 28 km, dont la moitié sous une pluie battante j'arrive à Terradillos,
une seule albergue, privée.
La propriétaire est la reine du pétrole ici,
et elle le sait.
4 euros par personne pour sécher le linge,
il ne reste que des lits en hauteur, et non, elle n'a pas de journaux pour garnir les chaussures de l'Italienne qui m'accompagne.
Le tout sur un ton tellement désagréable que je remballe ma crédenciale, sous les regards incrédules des autres pèlerins.
Mouillée pour mouillée, je repars pour 3 km.
C'est le moment que choisit une de mes semelles pour s'enfuir.
Mais je m'en fous.
J'arrive en fin d'après-midi à Moratinos,
où une association italienne tient une albergue accueillante avec pasta et chauffage.
Bon choix.

mercredi 23 octobre 2013

Le jour où j'ai eu 53 ans / Desde Fromista hasta Carrión de Los Condes

Dans la chapelle de ce couvent,
je suis rentrée,
c'était l'heure de l'office des clarisses,
j'ai pleuré.
J'aurais dû dormir là je crois, dans le calme et la sérénité,


ais je suis allée à l'auberge paroissiale,
passablement bruyante et prêchi-prêcha,
et quand mème très sympa, grâce au poulet d'Attilio (la cuisine italienne, mama mia...)
et au vin aussi...

meeting musical


Bénédiction des pèlerins



Et mon cadeau d'anniversaire coréen...