mercredi 30 avril 2014

La coquillette, elle sent bizarre, comment vous dire..../ Desde Ribadiso hasta Arca - Pedrouzo

Je sais pas si c'est le double effet kiss cool des sandales,
mais je sens la bouse.
Des pieds à la tête.
Mes chaussettes sentent la bouse,
mes aisselles sentent la bouse,
ma culotte sent la bouse, mon sac sent la bouse, et mon poncho pas mieux.
Pis la bouse ici, elle sent pas comme chez nous, voyez ?
Elle sent la bête nourrie aux granulés
(alors que les champs sont plein d'herbe, mais ils n'y mettent pas leurs bêtes, ils y passent leurs gros tracteurs tout neufs, vivent les subventions européennes !)
et quand elle sèche, aucune trace de rumination.
Mais là, ça ne risque pas qu'elle sèche, vu ce qu'il tombe.
Je me suis donc offert un super luxe ce soir : une lessive... Une petite machine dans une albergue-usine-glauquissime, mais avec un gros extra : des ustensiles dans la cuisine. Une rareté en Galice, c'est pour faire marcher la restauration locale.
Question chemin, c'est toujours un peu pareil : réveillée avant 6h00 par les bruits de sac...



gadoue,
forêt d'eucalyptus,



gadoue
séchoirs à maïs (celui-ci sponsorisé par Baygon ?)



gadoue,
bord de route...
On ne peut pas dire que le parcours d'aujourd'hui ait été jonché de roses,


mais je suis à moins de 20 km de mon but,
demain, c'est le grand jour !
Et bien sûr que j'aurai une pensée pour chacun d'entre vous, qui m'avez fidèlement accompagnée.

mardi 29 avril 2014

Albergues publicos

Même in the middle of nowhere
elles sont toujours pleines...


C déco





No comment



La coquillette est à l'approche / Desde Cazanova hasta Ribadiso

Les touristes affluent,
ils partent en courant le matin,
fomt sécher leur brosse à dents sous les sèche-mains à 5h du matin.
Je les retrouve épuisés quelques kilomètres plus loin.
A l'arrivée, une dame récupère son sac dans un taxi :
"Qu'est-ce qu'on a souffert aujourd'hui !..."
Ouai.
J'aimerais une auberge privée, plus tranquille, mais il n'y a plus de dortoir,
que des chambres à 35 euros,
pour ceux qui descendent du car...
Caramba.
Albergue publico donc,
et c'est déjà pas mal.
20 km,
je vais m'en tenir là.


J'aime
leurs humbles églises romanes,


les forêts d'eucalyptus, même sous la pluie incessante



et l'esprit d'entreprise des Espagnols,
comme ce libre-service au milieu de la forêt...




Késaco ?

Allez, encore une devinette,
vous savez ce que c'est ?






lundi 28 avril 2014

La coquillette reprend une vie / Desde Gonzar hasta Cazanova



Matin de brume crachouillante,
je n'ai presque plus mal,
j'allonge le pas.
Mes chaussures pèsent lourd dans mon dos.

"Pourquoi les garder ? Tu ne les remettras jamais..."
Pour un passage difficile ? L'idée même d'y introduire le pied me fait monter les larmes aux yeux.

Je croise Sophie,
une contrario,
on prend un thé ensemble.
"Bah, tu peux garder tes sandales, c'est tout plat maintenant (enfin, pas tout à fait...)

Divorce officiel avec mes vieilles chaussures qaue je croyais à mon pied.
On se sépare devant la porte d'une albergue.



Légère.
Palas del rey, pas de palais, et pas de roi, aue de la momocheté.
Vite traversée, vitre oubliée.
Les bornes kilométriques défilent.
Ils les ont rapprochées ou quoi ?

20 km, je m'arrête dans une auberge publique au milieu de nulle part.
Il est dit que je finirai le chemin comme j'ai commencé : en sandales.



dimanche 27 avril 2014

La coquillette a un mantra / Desde Ferreiros hasta Gonzar




Trente/trois/trente//trois/code/sainte/Rita/
C'est ce que mes bourdons ont rythmé en boucle 10 km durant.
Enfiler mes chaussures avit éte une torture, j'avais serré les dents pour ne pas pleurer.
Mais je suis bien reposée, il ne pleut pas,
et je souffre un tout petit peu moins après avoir enlevé mes semelles.

Pas beaucoup moins,
mais juste assez pour accélérer le pas.

Trente/trois/trente//trois/code/sainte/Rita/

Je longe une vigne.
Je pense à lui.
Je fredonne une de ses valses en boucle, avec ce leitmotive derrière.
Ça me berce.
Trente/trois/trente//trois/code/sainte/Rita/
 

Un petit-déj plus tard, je m'aperçois que j'ai parcouru 3,8 km en une heure.
C'est peu, et c'est beaucoup, comparé à hier.
Je repars au ralenti, en boîtant.

Trente/trois/trente//trois/code/sainte/Rita/
La valse...
Le cliquetis des bâtons se fait plus rapide.







Portomarin
10 km






 



Jolie vue sur fleuve.
Pause thé.




Près de l'église, j'achète des sandales.
Soulagement immédiat.
Ils ont aussi des vêtements, hop un bermuda à ma taille.
Bon, je ne suis pas sûre qu'il préserve davantage ma dignité que la perspective de montrer ma culotte (qu'on ne voit pas encore malgré la déchirure...) mais ça me déstresse.

Ils font aussi pompes funèbres, mais ça ne sera pas pour cette fois finalement.

La douleur a sûrement éte inventée pour le plaisir de la sentir cesser.

Trente/trois/trente//trois/code/sainte/Rita/
Valse...
Fais que le chemin ne soit plus de boue et de pierres s'il te plaît...

Je sens la puissance de vos pensées.
Je veux dire je la sens vraiment.

Trente/trois/trente//trois/code/sainte/Rita/
Valse...
Jusqu'à Gonzar, 7,5 km plus loin le chemin ressemblera à ça :



Je m'arrête de bonne heure.
QL pour Ste Rita.
Gratitude infinie pour F., dite C., qui m'a inspiré ce mantra.
Bénis soient les Boliviens qui sont venus me prévenir au café au'un magasin était ouvert bien que l'on fut dimanche.

samedi 26 avril 2014

km 100

Voilà, après tout ce temps, il me reste un peu moins de 100 km...
(notez que les Galiciens adorent les bergers allemands, il y en a partout...)


Ici commence le parcours de ceux qui savent qu'il suffit d'avoir fait ces 100 derniers km à pieds
pour recevoir la Compostela.

Chaussures et équipements flambants neufs (et propres),
transport de nounours et divers trucs inutiles,
gros réflex en bandoulière,
des troupes d'Italiens et d'Allemands surgissent de nulle part...
Pour les autres, ce ne sont pas de vrais pèlerins,
et on voit qu'ils ne sont pas habitués au fonctionnment des albergues.
Mais moi, j'aime bien ce côté initiatique,
cette grand-mère allemande avec ses deux petits-fils,
ou ce papa espagnol avec sa fille de neuf ans, 
qui découvre la vie de pèlerine.








La coquillette jette l'éponge / Desde Sarria hasta ... pfff !

Gros coup de calgon ce matin,
après pourtant un bon dîner de pâtes en compagnie de trois pèlerines corses,
et une nuit réparatrice.
Cette fois mon pantalon à craqué,
et je me maudis de n'avoir pas fourré un rechange dans mon sac avant de partir.
Il pleut des seaux, j'entraperçois le monde derrière la visière en plastique de mon poncho.



Et puis surtout, j'ai toujours abominablement mal aux pieds.
C'est pas pire comme aspect, mais la douleur est intolérable,
j'avance comme une tortue neurasthénique,
et je dois probablement compenser avec tout le reste du corps,
parce que j'ai mal partout.
Je marche tellement lentement, qu'il me faut une heure pour progresser de deux kilomètres (au lieu de 30 minutes...). C'est la double peine : arriver plus tard, avoir moins de temps pour se reposer...

En chemin, je croise un pèlerin à contresens, comme ça arrive parfois.
"Tu as oublié ta brosse à dents?"
Ça m'est sorti  machinalement,
denis me répond en français.
C'est un contrario, "de toute façon, je n'ai pas le choix, je n'ai presque plus de sous".
On discute un peu, de toute cette diversité sur le chemin.
Ça me remonte le moral,
et je lui file 10 euros qu'il ne m'a pas demandés.






Marcher reste un supplice,
je choisis de m'arrêter à même pas 14 km...
dans une albergue publique où j'ai de la lecture.
À ce rythme, je n'arriverai pas avant la fin des vacances...
Je suis un peu démoralisée, et c'est pas bon.
C'est décidé, demain, j'enlève les semelles orthopédiques de mes chaussures,
au moins je serai moins serrée.
J'espère seulement que ça ne me vaudra pas une tendinite.





Dans le panneau

Et ceux-là ?
Je parie que vous ne les connaissez pas non plus, hein ?

Ceux-ci sont des créations de riverains excédés  je pense...



Celui-là a été customisé...


vendredi 25 avril 2014

La coquillette fait un détour / Desde Triacastela hasta Sarria

Balisage tout pourri à la sortie de Tricastela.
Je me suis engagée sur une variante, beaucoup plus longue,
et avec moins de points de repos.
La poisse.
Mais le matin il ne pleut pas, et le paysage est joli.
J'aime leurs bordures de pierres...


Après des plombes, j'arrive 11 bornes plus loin, à Samos, affamée.



Je choisis de ne pas continuer sur le chemin, mais de prendre la route, l'ancien tracé en fait,
plus courte de 4 km.
ce n'est pas trop dangereux, on peut marcher sur un sentier derrière les barrières de sécurité,
mais c'est ennuyeux,
et souvent asphalté.
Je sens que ça chauffe sous mes talons, ce qui n'était jamais arrivé.
Il s'est mis à tomber des hallebardes,
je débâche sous la pluie pour mettre un pansement,
et ne pas aggraver mon cas.
Finalement, j'arrive à Sarria complètement rincée, c'est le cas de le dire.
Mais je pousse au maximum dans la ville, pour avoir moins à traverser demain.
Je passe devant un magasin de sport,
et, dommage pour moi, je ne m'arrête pas.
Je le regretterai amèrement le lendemain matin...

jeudi 24 avril 2014

La coquillette revient sur terre / Desde O Cebreiro hasta Triacastela

Je suis à deux petits orteils gangrenées
de me balader cul nu dans la forêt...

C'est un miracle que mon pantalon tiennent le coup,
vu que je suis gonflée des pieds jusqu'aux ... yeux !


Il fait froid,
il a même neigé à midi, tout en haut, à 1450 mètres d'altitude,
mon petit poncho a lutté fièrement (et efficacement).
Je pense que je ne bois tout simplement pas assez.
C'est donc après avoir desserré à fond mes chaussures
et glouglouté un demi-litre d'eau
que je suis partie dans le brouillard matinal.



Après, bien sûr, il a fallu gérer les pauses pipi sous les averses,
mais j'ai une technique assez bien rôdée maintenant,
et je ne pose mème plus mon sac à dos.
On peut dire que je n'ai plus ni fierté, ni inhibition.

Ma technique en descente en revanche est beaucoup moins sûre,
surtout que ça gauillait pas mal, 
la boue, la neige fondue, et le bouse de vache restant malgré tout plus douces aux pieds que les pierres qui m'avaient niqué les pieds vers Molinaseca.

Mon petit orteil gauche me fait toujours atrocement souffrir,
mais j'imagine que ce sera quand je ne le sentirai plus, qu'il faudra que je m'inquiète.

Bref, j'ai été très lente, 
mais j'ai fini par arriver au châtaignier millénaire.




En revanche,
j'ai jeté l'éponge devant l'albergue officielle.
Et je suis allée dans une privée,
un peu plus cher, mais plus confort,
et sans promiscuité.
Une fois n'est pas coutume.

Edit :  Geneviève, j'ai beaucoup pensé à toi aujourd'hui. J'espère que ça va marcher pour toi... (subtil jeu de mots...)

Les âmes ailées restent là où nous les avons aimés.


Parfois c'est dur.
Je me décourage un peu.
Le matin, j'ai mal aux pieds.
Et alors, il y a toujours ce petit miracle,
que j'avais déjà remarqué sur d'autres tronçons.



Un oiseau aux couleurs vives,
jaune,
orange,
ou bleu,
vient se poser juste devant moi,
et chanter à tue-tête.
Il m'accompagne un petit moment puis s'en va.
Ça va peut-être vous paraître naïf,
mais c'est comme si,
en partant tout de suite après la mort de mon père,
j'avais emporté son âme avec moi,
et qu'elle soit restée là, où elle se trouve bien je crois.
Et que je la retrouve chaque fois que je reviens,
à m'attendre là où je l'avais laissée.

Avis à la consommation

Tu vois ça ?


Regarde bien
cette bordure jaune verdâtre...

Il y en a absolument partout...
Sur les chemins, sur les routes, le long des champs et des jardins.
Les Espagnols utilisent tellement de produits de traitement que ça suinte.
Penses-y, la prochaine fois que tu voudras acheter des fraises ou des tomates olé olé.
Et dis-toi bien que tu t'empoisonnes...

Entrée officielle en Galice

Ici c'est un pays de vert et d'eau,
de vaches rousses dans les prés
(une rareté en Espagne : tous les élevages sont enfermés...)


de maisons de pierre aux toits d'ardoises, ou de chaume



de mini-églises très touchantes,


On trouve toujours de la soupe à l'ail,
mais avec du poulpe à la galicienne,
et du bon pain,





Ici, la langue officielle n'est pas l'espagnol,
elle chante comme le portugais,
avec un peu de castillan dedans.




Ici, c'est officiellement la Galice
et j'aime beaucoup.