jeudi 16 mars 2017

À nos actes manqués

À cause de la bande annonce de ce film que voudrait voir le Kid, j'ai rêvé d'une personnalité à plusieurs facettes.
La mienne.
Car je crois bien que cette petite fille aux cheveux courts, c'était moi.
Il y avait une autre personne.
Un homme je crois.
Je ne sais pas.
Dans l'obscurité, avec un regard brillant, presque pervers, elle m'a chuchoté quelque chose à l'oreille, je ne me souviens plus quoi.
Mais c'était un peu douloureux à entendre.
Je suis retournée sur la route, vers l'autre moi, avec sa longue chemise blanche. Elle portait une lourde épée à la main.
J'ai dit : "tu vois, tu peux être forte !"
Et puis j'ai remarqué la blessure, une entaille à son orteil, un dérapage de la lourde lame, qu'elle tient péniblement à deux mains.
Je l'ai mise en garde cette fois : "Fais attention, tu deviens trop forte. Tu ne sens plus la douleur, tu va te faire mal."
Ça devenait intéressant, et bien sûr c'est le moment que ce fuckin' réveil a choisi pour sonner.
Trop tôt.
À la même heure que d'habitude, mais on était à l'heure d'été depuis samedi, et il faisait encore nuit noire.

Heureusement, Jacques a dit : "C'est un joli lundi si tu en décides ainsi."
Et c'est ce que j'ai fait.
Ça tient à pas grand chose tu vois.
Du pâté aux patates comme par chez moi, dimanche chez une copine de Nouvelle Orléans.
Sa mère était en visite, et elle est Bourbonnaise...


Le parfum des orangers en fleurs, 
alors qu'on peut encore cueillir des fruits dessus.


Les signes d'amitié que vous m'envoyez depuis l'autre bord...



Et pouvoir parler franchement avec lui,
libérer mon coeur de ces non dits qui empoisonnent insidieusement tout ce qui ne devrait pas être lus lourd que le frisson des doigts sur la peau.
Un souffle d'air pour tourner la page et regarder devant.
Pas trop loin.
Parce que dans toute cette incertitude qu'est ma vie, une seule chose compte vraiment,
respirer librement maintenant.

À part ça le Kid regagne la France lundi.
Il a définitivement perdu sa carte de travail, et ni lui ni moi n'avons envie de le voir moisir sur le loveseat de mon shotgun...
Au final il m'aura tenue compagnie un peu, coûté très peu d'argent, beaucoup amélioré son anglais, et trié dans ses priorités pour l'an prochain.
Faudra juste qu'il arrête de se tirer des balles dans le pied...


jeudi 9 mars 2017

Grand corps malade...

Il y a des jours où on se sent "hhhhhhhorrrribeul" ou "'terrrrribeul"...
Des jours où ça tangue.
Un jour de fièvre brûlante comme aujourd'hui, le sang qui bat aux tempes,
les paupières qui pèsent une tonne,
et cette sensation de progresser à la va comme je te pousse, dans un brouhaha cotonneux.
Une petite sensation désagréable dans la poitrine en début de semaine, qui s'est répandue dans tout mon corps.

Ah mais c'est pas bien grave.
On attend que ça passe.
Comme la colère, le chagrin, l'amour, la vie.
Pis l'eau du bayou qui coule doucement devant ma porte,
derrière la barrière où viennent pépier les oiseaux du printemps.

Je voudrais manger la soupe de ma mère,
un bouillon clair de poulet et de vermicelles,
et sentir la main fraîche de mon père sur mon front.

Je pense à une chose agréable et rassurante.

Le dentiste....


Vi vi.
Avoir mal aux dents est une source d'angoisse pour l'expatrié aux USA.
Le prix, les anecdotes, la collègue qui a allongé 800 dollars et s'est retrouvée avec un abcès carabiné..
Tu hésites, tu te dis, hum j'ai fait un examen en juillet, je rentre fin juin, peut être ça peut attendre.

Mais finalement tu y vas.
Un grand cabinet avec tout un staff, de la paperasse, des dizaines d'assistantes qui font l'accueil personnalisé, les radios, le questionnaire.
On t'appelle Miss Nicole, et on t'annonce les prix.
Première visite  $257 : ouverture de bouche, une radio, examen d'un quart de la bouche seulement.. rien d'apparent.
Au revoir madame.
Ah non pas au revoir : c'est sûrement sous votre couronne (vieille de 20 ans, de la belle ouvrage), il faudrait la changer.
Heu non, pas ici, je vais pas pouvoir me permettre et c'est pas là que j'ai mal. À la limite je verrai en France.
Oui mais moi je peux vous le faire en 2 heures.
Pis vos racines là, pis le root canal....
Non.
Niet.
Nein.
Allright.
Au final, elle lime un peu une dent qui cogne sur une autre, et je ne paie que $150.
La secrétaire me remplit très gentiment la feuille de soins pour le remboursement français.

Deux semaines après c'est pire, chaud, froid, sucré... aïe...
En revanche j'ai identifié précisément le siège de la douleur.
J'y retourne.
Deuxième radio.
Toujours rien.
On parle (mais plus de la couronne) elle me dit vous avez certainement une petite cavité (une carie donc), qu'on ne voit pas encore.
OK, je fais quoi ?
Un filling (soit un plombage).
Maintenant ? Oui je peux (c'est à 45 minutes de chez moi...)
Une assistante revient et me dit le prix : $240 dollars, parce qu'on touche deux faces de la dent.
OK.
C'est dans une autre salle.
Ça dure presque une demi-heure.
Soigné, doux, sans douleur.
Elle me confirme que c'était très petit, et que j'ai bien fait de pas attendre.
Arrivée à la caisse, c'est $318 à cause du coût de l'examen, mais ils n'ont pas compté la radio du jour.
Ici, tout est affaire de fric, donc tu peux négocier...
Et payer en deux fois.

Ce matin je n'avais plus mal,
et je me suis dit que finalement, c'est pas forcément plus cher qu'en France.
Pis là ben je vas retourner me coucher, rapport à cette fièvre impromptue.

Ah oui, je sais pas si vous avez remarqué,
mais cet orage émotionnel qui m'a agitée la semaine dernière,
il m'a redonné l'énergie d'écrire.
No hay un bien que de un mal no venga...

lundi 6 mars 2017

Lettre du bout du coeur #2


Mamina a écrit
"des fois ça roule pas comme on voudrait, le tout est de savoir où et comment on veut rouler ensemble".
Et c'est très vrai.
Moi je crois qu'on ne peut rouler ensemble, que si on laisse parler son coeur.
Même si on est un homme.
Parce que ça marche pas à sens unique.
Et que si on laisse pas parler son coeur,
c'est probablement qu'il n'a rien à dire.

Alors parfois le mien se déchire.
Pis je peux pas recoller les morceaux.
Quelque chose a changé, qui ne sera plus comme avant.
C'est quand je mesure tout cet amour que j'ai à donner.
Qu'à vouloir trop on n'a rien.
Que peut-être il faudrait se contenter d'un peu.
Et ça, non c'est pas possible.

Et si j'étais destinée à n'aimer qu'en pointillés ?

Alors bien sûr on s'est retrouvés.
Et ses mains sont toujours aussi chaudes.
J'aime sa voix, son accent, ses idées, ses mots et ses silences aussi.
Le regarder dormir, écouter son souffle, le regarder bouger et l'entendre chanter.
Si proche.
Et si loin à la fois.

Une histoire à durée déterminée.
Le temps d'un visa.
Comme tout ce que je vis ici.
Grand
Magique
Temporaire
Brutal
comme la vie qui passe
et qu'on ne retient pas

Pas le jardin que je voulais ..
 tout juste une oasis...





samedi 4 mars 2017

Vacances j'oublie tout #8

Mais bon il faut bien revenir à la réalité.
Préparer la semaine.
Plus un triste meeting : la paroisse veut fermer le programme d'immersion de mon école...
Un village vieillissant, de moins en moins d'élèves, donc de moins en moins en français...
La Louisiane perd l'équivalent d'un terrain de football de wetlands par heure,
elle perd sa première langue à peu près à la même vitesse.

Enfin jeudi on était encore loin de tout ça, et on s'est offert un dernier tour avec vue dans ce parc exceptionnel, où sont concentrés des échantillons d'à peu près toutes les merveilles géologiques :

au milieu du désert, une montagne froide et boisée
Chisos mountain, qu'on n'aura pas le temps d'explorer malheureusement







Et de retour dans le désert, au bout d'un chemin où une divinité semble avoir joué aux osselets avec des rochers,
the balanced rock...
Comme nos pierres jaumâtres (les Creusois comprendront) mais en ultra dimension.





 oui je sais...
on a des surprises quand on passe de l'autre côté...




Après ça on est revenus back .... 
et, comme disent les jeunes, on s'est tapés de bonnes barres dans la voiture avec mon garçon.

jeudi 2 mars 2017

Vacances j'oublie tout #7

On reprend la route du retour aujourd'hui,
en retraversant ce désert fantastique


On quitte aussi Terlingua ville fantôme, 
qui eut sa gloire au temps de sa mine d'argent, 
et conserve encore malheureusement un air de carrière à ciel ouvert, 
mais aussi un étrange cimetière. 



















Le bilan de cette échappée belle ?

- J'aurai exploré Big Bend, un parc que j'avais envie de voir depuis longtemps.

- Parce que c'était en sa compagnie, j'ai refait connaissance avec le Kid, qui parle et qui marche bien (même s'il lui manque encore quelques réglages à s'effectuer ...)

- Je ne marche plus assez pendant mon temps libre et pourtant j'ai grand besoin de ces 3 ou 4 heures de rang à arpenter la Terre avec le compas de mes jambes. Ce n'est qu'en nageant ou en marchant que je sens vraiment mon corps. Et c'est vrai que c'est l'antidote de la pensée quand elle est tourmentée, ou de la frustration . Encore plus dans ces paysages grandioses.
Vraiment quand je pars, ça doit être avec d'autres marcheurs.

- Je ne supporte pas, plus, mais alors plus du tout, que quelqu'un tente de décider pour moi ce que je dois faire de mon temps, de mon argent ou whatever.  Spécialement quelqu'un de la gente masculine.  Même mon fils. Les infos,  les conseils, les souhaits oui. Les décisions pour satisfaire leurs besoins non.
Mais alors définitivement NON.




Vacances j'oublie tout #6

Hier, mon copilote philosophe avait un peu mal au genou.
Alors on a un peu ralenti, et on a passé la frontière mexicaine.
Légalement je précise...


De l'autre côté, le village de Boquillas del Carmen ne vaut pas le détour en soit.
Mais tu participes à faire vivre 46 familles à 150 miles de la prochaine ville,
et qui réussit à garder ses enfants sur place jusqu'à la fin du lycée.








Une fois repassés aux USA,
mini trail dans une zone encore différente, géologiquement,
où de fragiles empreintes préhistoriques ont été malheureusement saccagées par des touristes (américains vi vi) irrespectueux. 





 On a fini par une baignade prolongée, 
en alternant l'eau fraîche du Rio Grande et les sources d'eau chaude à 40 degrés. .









mercredi 1 mars 2017

Vacances j'oublie tout #5

Mon copilote philpsophe a bien assuré hier, alors que moi pas du tout.
Figure toi que j'ai confondu round trip (aller retour) et loop (boucle) sur un sentier pas bien balisé...
On a donc continué bien trop loin, à flanc de montagne, avant de faire enfin demi-tour.
Ça nous a valu une magnifique vue et la sensation de toucher l'empreine de la main de Dieu.




Ensuite on a commencé à explorer ce musée géologique à ciel ouvert.
Ça tombait bien parce que je viens d'enseigner les roches et minéraux à mes 4èmes grades,  ce qui m'a réconciliée avec le sujet dont j'avais gardé un souvenir affreux depuis le collège.
Ici il y a les volcans assoupis, l'oeuvre des éléments...





Devant cette immensité
et toutes ces traces de vie,
bien que j'ai le coeur serré de ce silence, terrible témoin de l'incompréhension,
même mon chagrin m'a paru plus petit.







On a terminé la journée par une petite randonnée au canyon de Santa Elena.
Peace and quiet.